Les Joies du surf

à tous points de vue

Editions Rivages, Petite Bibliothèque

Préface et traduction : Fanny Quément

En route pour un tour du monde à bord de leur propre navire, Jack et Charmian London arrivent à Hawaï en mai 1907. Ils y découvrent, entre autres merveilles, le plaisir de surfer. Dans cet éloge fait de poésie et de précision technique, London pose notamment cette question : qu’est-ce qu’une vague ? Si la maîtrise de la matière est cruciale dans la pratique de ce sport, pour London, le secret du surf repose en réalité moins sur la force et la domination des vagues que sur une absence de résistance à leur déferlement, c’est-à-dire une forme de souplesse, d’abandon et d’humilité.

L’article de Jack London est suivi d’un texte de son épouse, Charmian, sur la même session de surf, à laquelle elle avait également participé. Un contrepoint qui vaut le détour !

https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/les-joies-du-surf-9782743662523


Dictée Magique

duo de performance sonore


Soundcloud : https://soundcloud.com/dictee-magique

La « Dictée Magique » de DJ**** et Sainte Rita est un mix à quatre platines pour disques parlants. Les voix de leurs vinyles se répondent et se coupent la parole : babil, discours, archives, reportages, poésie dada, tout fait poème dans ce collage sonore qui a pour matériau premier la voix, la phonation. Le résultat est une polyphonie où Coco le perroquet perturbe une séance d’hypnose, où Colette Magny dialogue avec Antonin Artaud et des a capella de dance. Lors de la Dictée Magique, les corps parlent eux aussi, car ce collage est également une performance où l’improvisation des deux platinistes s’apprécie visuellement.

Dictée Magique a eu le plaisir de se produire dans des lieux aussi divers que :

  • La boutique de disques Dizonord, à Paris.
  • La galerie Bagnoler, à Bagnolet.
  • Les Instants Chavirés, à Montreuil.
  • L’atelier Brèche, à Brest.
  • Le douzième étage d’un immeuble rennais (ou bien était-ce au quinzième?)
  • L’Imprimerie, à Marseille.
  • Les locaux de Jet FM, à Nantes.

Un Gentleman à la mer

Plouf le banquier

Herbert Clyde Lewis

Postface et traduction de Fanny Quément

Henry Preston Standish, homme d’affaires et père de bonne famille, contemple un coucher de soleil à bord d’un paquebot quand une simple tache d’huile fait basculer son destin en le faisant passer par dessus bord, en plein milieu de l’océan Pacifique. Publié en 1937, « Gentleman Overboard » fait partie de ces petits livres oubliés dont la découverte est un plaisir délicieux. Il séduira tout particulièrement les amateurs d’humour noir.

https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/un-gentleman-%C3%A0-la-mer-9782743661144


Retour à Paris

Babylone revisitée

Francis Scott Fitzgerald

Préface et traduction de Fanny Quément

1929, le monde bascule dans la crise, et Fitzgerald avec. Dans cette nouvelle
autobiographique, l’auteur de Gatsby le magnifique troque la flamboyance des
Années folles contre les lueurs d’un Paris crépusculaire. Pour son
protagoniste américain, Charlie Wales, cette ville était celle du vice et de
tous les excès, si bien qu’il y a perdu sa femme, morte peu après une violente
dispute, et sa fille, désormais sous la tutelle de sa belle-sœur Marion.
Dévoré par le remords et la culpabilité, mais surtout très inquiet d’être
condamné à la solitude, Charlie tente de se racheter. Ayant refait sa vie à
Prague, il espère récupérer sa fille en prouvant à Marion qu’il est un nouvel
homme sobre et respectable. Mais il semblerait que retourner sur les lieux
d’un crime ne soit jamais une bonne idée.

https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/retour-%C3%A0-paris-babylone-revisit%C3%A9e-9782743659950


Les aventures de Lolo Tuerie l’holothurie

mi-femme, mi-concombre de mer et DJ des bas-fonds musicaux

J’ai compris qu’il y avait un problème le jour où j’ai réalisé que le même mec avait le pouvoir de me confier des platines ou de me mettre sur le trottoir. Un problème à tous les niveaux : personnel, inter-personnel, social, structurel. Il n’y avait pas anguille sous roche, mais baleine sous gravillon.

On faisait du stop en pleine nuit sur une grande avenue d’une ville où je ne connaissais personne, parce qu’on avait raté le dernier train. L’homme en question était un amoureux avec qui je partageais une passion pour la musique et les disques vinyles, et c’est la première personne à m’avoir poussée à mixer, puis programmée comme DJ. Ce soir-là j’ai servi d’appât pour que les voitures s’arrêtent — et repartent aussitôt, voyant surgir le compère de derrière les buissons. Je ne voulais pas jouer à ça, mais je l’ai fait. J’ai lâché l’affaire quand on m’a demandé mes tarifs. Nous savions l’un comme l’autre que cette vague « stratégie » ne marcherait jamais. Lui, ça le faisait rire. Moi, je me sentais mal. La scène était terriblement banale. Un mauvais moment d’humour potache à passer.

Ma première erreur était de croire que dans la nuit urbaine, mieux valait rester avec cet homme que de me retrouver seule (merci les discours anxiogènes qui nous font croire que nos agresseurs sont des inconnus embusqués au coin d’une rue coupe-gorge). Mais il m’a fallu des années pour comprendre tout ce qui se jouait dans ces messages contradictoires : je suis ton protecteur, mais je peux te mettre en danger ; je suis ton promoteur, mais j’ai le pouvoir de t’humilier. Ces abus de pouvoir étaient en fait à l’image de l’ensemble du milieu musical dans lequel j’évoluais alors, celui des collectionneurs, diggers et DJ de diverses niches, rythmé par les démonstrations de force et autres concours de bites. Jeune femme isolée dans ce domaine principalement arpenté et balisé par de petites bandes d’hommes cis, j’ai fait de ces microcosmes un terrain d’observation du sexisme et de logiques finalement très semblables aux logiques dominantes. Cet article retrace la naissance d’une passion et le chemin d’une émancipation peut-être incomplète, mais salutaire, vis-à-vis des milieux du digging et du DJing tels que je les ai connus de 2010 à 2015 environ, époque où je vivais à Paris ou alentours. Il ne s’agit pas plus de dénoncer des individus aux comportements nuisibles que de distribuer des bons points à ceux qui m’ont sincèrement et véritablement soutenue. Ces rapports-là, de confrontation et de complicité, je les travaille à bras le corps dans ma vie personnelle. L’enjeu de ces pages est différent : pointer des problèmes structurels, mais aussi exprimer la joie que m’apporte l’exploration d’une pratique musicale à laquelle aucune sombre merde ne m’a fait renoncer.

L’intégralité de cet article-récit-boîte-à-outils est disponible dans le n° 5 de la revue Ventoline, avec des illustrations de Morgane Le Ferec.

https://brigadecynophile.bigcartel.com/product/ventoline-5


Ranjan Ghosh – Destins plastiques

romantisme granitique 2.0

Dans la revue Habitante, n°2.

https://revue-habitante.fr/catalogue/habitante-2

En 2012, la géologue Patricia Corcoran et la sculptrice Kelly Jazvac découvrent, sur la plage de Kamilo Beach à Hawaï, où l’océanographe Charles Moore dit avoir aperçu d’étranges conglomérats de plastique et de sable, 167 fragments de roches, de 2 à 22,5 cm de diamètre, présentant un mélange de basalte et de plastique fondu. Patricia Corcoran, Charles Moore et Kelly Jazvac insistent : ces roches, dénommées désormais plastiglomérats, sont des exemples d’une « action anthropique (la combustion) réagissant à un problème anthropique (la pollution plastique) ». Elles sont en effet les produits de feux de camp allumés sur la plage, et non, comme Charles Moore l’avait d’abord supposé, le résultat d’une interaction spontanée entre lave en fusion et polymères. Le texte de Ranjan Ghosh, paru initialement en février 2021 dans la revue Critical Inquiry, est lui-même un conglomérat, un montage de références et de signes composites. Il est en cela un pur produit de l’ère plastique, à l’image du plastiglomérat-roche et du plastiglomérat-œuvre transformé en ready-made par Kelly Jazvac. Si à la fois Ranjan Ghosh et Kelly Jazvac s’intéressent au plastiglomérat, c’est bien en effet parce qu’ils voient en cette roche l’incarnation d’une nouvelle Nature. Une nature qui n’existe pas en dehors de nous, ce qui reviendrait à continuer à nous penser séparés d’elle, mais une nature produite par nous, formée par nos représentations et actions. Ranjan Ghosh, penseur et professeur au Département d’Anglais de l’Université du nord du Bengale, nous rappelle ici que le monde-plastique que nous habitons est le même monde-plastique que nous fabriquons. Il se place ainsi dans une longue tradition de dévoilement et de déconstruction des récits dominants, dont l’Anthropocène est devenu le dernier exemple en date.

Jane Hutton – De rouille et de teck

Détailler les forêts

Dans la revue Habitante, n° 2

https://revue-habitante.fr/catalogue/habitante-2

Soixante gigatonnes de matière sont déplacées chaque année par les humains à la surface de la planète. C’est huit fois plus qu’au début du XXe siècle. Siècle durant lequel l’usage, la gestion et l’approvisionnement des matériaux se sont considérablement ramifiés à mesure que le design s’est spécialisé. Dans Paysages Réciproques, l’ouvrage dont est extrait le texte que nous publions, Jane Hutton distingue cinq histoires sociales et environnementales qui, parmi les méandres de ces mouvements matériels, relient les aménagements de la ville de New York aux sites d’extraction invisibles dont proviennent l’acier, le granite, les platanes, les fertilisants et en l’occurrence les bois exotiques. Contrairement à ce qu’indique le titre Paysages Réciproques, Jane Hutton décrit des échanges inégaux entre les sites d’extraction et les sites de mise en œuvre. Elle montre le flou des chaînes d’approvisionnement des matériaux, le manque de prise des politiques environnementales, l’échelle déconcertante de l’économie de marché qui rend la ressource invisible. Le mot réciproque, écrit-elle, « n’est pas destiné à adoucir, dissimuler, ou suggérer l’équilibre. Au contraire, son usage intentionnel a valeur d’aspiration. Lorsqu’il est associé au “paysage”, il souligne les interdépendances inextricables que les humains partagent avec le monde plus qu’humain, que les consommateurs partagent avec les producteurs. » Paysages réciproques est avant tout un exercice de pensée qui conçoit ces matériaux qui parcourent le monde comme une matière changeante, en constante évolution. Une matière façonnée par l’autre et qui le façonne en retour. Paysages réciproques s’inscrit résolument, sans qu’il en soit jamais vraiment question, dans le courant des humanités environnementales. Sa portée théorique est tenue à distance, et considérée à partir de la matière, du terrain, du détail biologique, du fait politique. L’enquête de Jane Hutton, c’est ce qui fait sa force, est menée à l’échelle globale, mais toujours à hauteur d’œil.

Petite anthologie de l’humour

Pêche aux perles

Un recueil compilé, traduit, annoté et préfacé par mes soins, et publié chez Rivages poche.

À l’origine, Mark Twain’s Library of Humour, un volume de 800 pages dans lequel je suis partie à la pêche aux perles. Les textes ne sont pas tous de Twain, qui de toute façon n’a pas foutu grand-chose dans l’histoire ; mais pour en savoir plus sur ce point, il faudra lire ma préface.

Au final, un amour renouvelé pour la satire et le pastiche, une histoire d’anthropophagie parlementaire, le portrait d’un grand magnat et celui d’un petit braqueur, le monologue d’un drôle d’oiseau, et de quoi tordre le cou au sentimentalisme.

Au passage, se plonger dans d’autres traductions, découvrir un texte fantastique grâce au travail des éditions L’Oeil d’or, se replonger dans Huck Finn même s’il n’est pas au programme, et ressortir le petit cahier à spirale avec les notes de l’an de grâce 2007, autant pour la spirale (forever Sheller, héhé) que pour les notes.

Avec une pensée pour les américanistes à qui je dois une grande partie de la culture et de la sensibilité qui m’ont permis de faire ce travail : Agnès Derail-Imbert, Cécile Roudeau et Pierre-Yves Pétillon.